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Sismicité
Sismologie
Prédiction
Risque sismique
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Sismicité |
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Où se produisent
les séismes les plus importants ?
Les séismes de plus forte magnitude se produisent surtout aux
frontières des grandes plaques tectoniques notamment sur le pourtour
du Pacifique ou zone circum-pacifique. Le plus fort séisme du
XXe siècle fut celui du Chili en 1960, dont la magnitude est
estimée à 9,5.
Une autre zone de forte activité sismique, est le domaine intracontinental
s'étendant de la Grèce au sud-est de l'Asie (Turquie,
Iran, Afganistan, Chine, Mongolie) où les séismes superficiels
(foyer à moins de 30 km de profondeur) peuvent atteindre une
magnitude supérieure à 7, voire 8 ou plus.
Les phénomènes
sismiques sont-ils plus fréquents à certaines époques
et moins fréquents à d'autres ?
A l'échelle de toute la Terre, on n'a jamais réussi à
prouver l'existence de périodes d'activité sismique plus
intenses que d'autres. En revanche, à l'échelle d'une
région, il semble maintenant établi que certaines zones
de failles connaissent des périodes d'activité avec des
séismes importants pendant quelques dizaines d'années
ou quelques siècles et des périodes calmes durant plusieurs
siècles - voire plusieurs millénaires. Cette question
est actuellement l'objet de recherches très actives dans plusieurs
laboratoires associant études géophysiques et géologiques.
J'aimerais avoir une
liste de tous les tremblements de terre répertoriés, avec
les statistiques connues sur leur étendue et les pertes humaines.
Il n'est pas facile de se procurer une liste de séismes dans
l'édition française. L'encyclopédie "Quid" donne
une liste assez longue. L'information n'y est pas triée et il
y a un très grand nombre de séismes répertoriés,
petits et gros. Quelques références en français :
- Les tremblements de terre (Bruce Bolt traduit en français
par Michel Cara), édition pour la Science 1982, épuisé
(original anglais "earthquake a primer" Freeman, réédité).
- Les tremblements de terre par R. Madariaga et G. Perrier, 1991,
Presses du CNRS avec une liste des séismes ayant fait plus
de 10000 morts dans l'histoire.
- Séismes historiques en Europe, 1991, publié par la
Compagnie Suisse de Réassurance 50/60 Mythenquai, B.P., CH-8022
Zurich.
- Les tremblements de terre en France, édition du BRGM, sous
la direction de J. Lambert (une liste pour la France).
Est-il exact que le
tremblement de terre de Lisbonne en 1755 a été ressenti
sur 6 millions de km2 ?
Lisbonne (1er novembre 1755), fut un séisme majeur comme il s'en
produit quelques dizaines par siècle dans le monde. Ce séisme
aurait couté la vie à 70000 personnes. Il a provoqué
un tsunami et un incendie. Il a été "perçu" à
très grande distance, provoquant de légères oscillations
dans des lacs jusqu'en Finlande.
Y-a-t-il des déclenchements
artificiels de séisme ? Et si oui, quelles en sont les causes ?
On peut classer les séismes selon deux grandes catégories :
l'origine naturelle ou l'origine artificielle des secousses sismiques.
La plupart des séismes d'origine naturelle sont dus à
des mouvements tectoniques qui correspondent à des ruptures de
roches dans les zones de faille. Les autres séismes d'origine
naturelle sont liés à l'activité volcanique.
Les séismes d'origine artificielle sont liés à
des causes variées : explosions souterraines ou en surface,
affaissements brutales de cavités, injections ou extractions
de fluides dans le sous-sol profond.
Les activités humaines susceptibles de provoquer des séismes
artificiels sont ainsi nombreuses. On peut citer par exemple :
la mise en eau d'un grand barrage, l'exploitation de gisement de gaz
naturel ou de champs pétroliers, l'exploitation de réservoirs
géothermiques, les tirs de mines et de carrières, les
essais nucléaires souterrains, les effondrements miniers (mines
en exploitation ou dans d'anciennes mines).
Exceptés les tirs nucléaires souterrains dont les plus
importants ont atteint la magnitude 6, les séismes artificiels
sont généralement de magnitude faible ou modérée.
Ils ne dépassent qu'exceptionnellement la magnitude 4.
Une guerre, comme celle
qui a lieu en Irak, peut-elle, par ses bombardements réguliers
(bombe à double perforation, tremblement du sol en profondeur,
...), provoquer à plus ou moins court terme un séisme ?
Il n'y a jamais eu de lien établi entre explosion d'origine
militaire ou civile - aussi puissante soit elle (même
pour des explosions nucléaires souterraines) - et le
déclenchement d'un mouvement brusque d'une faille géologique
qui provoquerait un séisme tectonique.
Sismologie |
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À quelle profondeur
se produisent les séismes ?
La majorité des séismes destructeurs se produisent dans
la croûte terrestre à moins de 15-20 km de profondeur.
Les séismes plus profonds sont localisés dans des zones
étroites, bien connues. Ils peuvent provoquer des dégâts
s'ils sont de forte magnitude (exemple : région de Vrancea
en Roumanie).
On trie conventionnellement les séismes en trois classes suivant
la profondeur de leur foyer :
- les séismes superficiels : 0 - 33 km
- les séismes intermédiaires : 33 - 70 km
- les séismes profonds : 70 et + , les hypocentres
peuvent atteindre 600 km dans certaines zones de subduction (îles
Fidji, Colombie).
Pourquoi les séismes
ne peuvent-ils plus se produire au-delà de 700 km de profondeur ?
Les séismes résultent d'une rupture dans la croûte
terrestre, pour l'essentiel dans les 20 premiers kilomètres.
Les matériaux doivent être cassants.
Dans les zones de subduction, la lithosphère et donc la croûte
cassante d'une plaque s'enfonce sous une autre plaque. Les plaques
descendent alors dans le manteau, jusqu'à au moins 700 km pour
certaines, plus profondément même pense-t-on maintenant.
La température et la pression augmentent avec la profondeur.
On sait que vers 700 km, ces conditions de température et de
pression induisent des changements importants dans les minéraux
du manteau. On parle de changements de phase et c'est la limite entre
le manteau supérieur et le manteau inférieur. On voit
cette limite avec les ondes sismiques. De plus on pense qu'avec ces
conditions de pression et de température, plus aucun matériau
ne peut être cassant. Ce qui explique que les séismes
soient observés uniquement jusqu'à ces profondeurs.
Quelle est la durée
d'un séisme ?
La durée des vibrations sismiques ressentie par les personnes
dépend de deux facteurs :
- la durée d'émission des ondes sismiques par le rejeux
de la faille tectonique (en gros longueur de la faille divisée
par la vitesse de propagation de la rupture qui est environ de 3
km seconde) ;
- la durée liée d'une part à l'étalement
des arrivées d'ondes sismiques s'étant propagées
à des vitesses différentes (ondes P rapides, ondes
S plus lentes, ondes de surface encore plus lentes) et d'autre part
aux phénomènes de résonance des couches géologiques
et des sols situés sous le lieu d'observation qui allongent
la durée des vibrations (dans les bassins alluviaux par exemple).
Pour les très gros séismes (e.g. >7), la première
durée peut devenir importante et son effet se combine avec l'effet
de la propagation. Pour les petits séismes, la durée des
ondes sismiques à la source est très brève. L'effet
d'allongement de la vibration vient de la propagation des ondes sismiques
et éventuellement de phénomènes de résonance
locale.
Qui a trouvé
la relation linéaire entre E (Energie) et M (Magnitude) ?
La magnitude est une mesure de l'énergie rayonnée à
la source du séisme sous forme d'ondes sismiques. C'est Richter
qui a proposé la relation entre le logarithme décimal
de cette énergie E et la magnitude M. Si E est exprimée
en Joule : log E = 1.5 M + 4.8
L'énergie E est une quantité intrinsèque au séisme
et devrait être indépendante de la façon dont
les sismologues l'estiment à distance à partir des sismogrammes
dont ils disposent. A l'époque de Richter, les sismographes
étaient à très faible bande passante et ne permettaient
pas d'analyser le signal comme aujourd'hui. Pour cette raison, suivant
les sismographes et le type d'ondes sismiques utilisées, plusieurs
magnitudes ont été définies après Richter.
L'énergie totale mise en jeux lors d'un séisme est bien
supérieure à l'énergie sismique E rayonnée.
Une grande partie de l'énergie passe en effet dans la fracturation
des roches et est convertie en chaleur au niveau de la zone de faille.
Le "rendement énergétique" d'un séisme est faible
et difficile à estimer.
Quel est le domaine
de validité de la relation de Richter M = log A - log A0 ?
Pour les autres façons de calculer la magnitude (par exemple
pour un séisme profond où il y a peu d'ondes de surface),
comment a-t-on pu raccorder les valeurs de M avec l'échelle
de Richter et avec l'énergie ? Je trouve dans toutes les
doc que c'est empirique mais cela ne m'aide pas beaucoup.
La magnitude de Richter (ou magnitude locale notée ML) a été
initialement définie pour des séismes locaux en Californie.
- Magnitude de Richter ML :
ML = log A(d) - log A0(d) (d = distance épicentrale)
définie par C. Richter en 1935
Elle est calculée sur des sismomètres Wood-Anderson
sensibles aux mouvements horizontaux du sol (période propre = 0.8s,
amortissement = 0.8)
A = amplitude maximale en mm (à la distance d) mesurée
sur le sismogramme, A0 = amplitude maximale du séisme
de magnitude 0 à la distance d.
ML=0 : correspond à la mesure d'une amplification de
1 micron, sur un sismomètre W-A, à 100 km de distance.
Applicable à d'autres sismomètres et des distances
quelconques (corrections, abaques).
Cette formule et ses dérivées est en outre souvent
appliquée à des sismographes sensibles aux mouvements
verticaux, ce qui n'était pas le cas du sismomètre
de Wood-Anderson.
A partir de cette définition initiale, plusieurs autres magnitudes
ont été définies :
- Magnitude de surface Ms :
Ms = log A(d) - log A0(d) (proposée par Gutenberg & Richter
par extension de ML pour utiliser les sismogrammes enregistrés
à grande distance de l'épicentre du séisme)
A = amplitude maximale du mouvement du sol en microns observée
sur une onde de Rayleigh (onde de surface) pour une période
T=20s.
A0(d), d étant la distance épicentrale, est une table
construite de façon à raccorder Ms à ML pour
des séismes de magnitude de l'ordre de 5 à 6 bien
enregistrés à grande distance et pour lesquels la
magnitude ML peut être bien déterminée. La magnitude
M s'applique bien aux téléséismes superficiels
aux distances épicentrales situées entre 2500 km et
10000 km.
- Magnitude large-bande dite de "Prague" :
M = log (A/T) + 1.66 log (d) + 3.3
Cette magnitude est une extension de la formule de magnitude d'ondes
de surface Ms. Elle a été définie pour pouvoir
utiliser des ondes sismiques de période T différentes
de 20 s. La distance épicentrale "d" ici est exprimée
en degrés (1° = 111km).
- Magnitude de volume mb :
mb = log (A/T) + Q (d, h) (formule dite de "Gutenberg")
A = amplitude du mouvement du sol en microns observée sur
la composante verticale de l'onde P (sismomètre T0 =
1s), Q est une fonction de calibration fonction de h et d (ajustée
de telle sorte que mb = MS pour les séismes superficiels).
S'applique à tous les séismes qu'ils soient superficiels
intermédiaires ou profonds. Toutefois, pour les séismes
de magnitude supérieure à 7 cette magnitude est inadaptée
et "sature". Les ondes P sont en effet de trop courte période
pour que leur amplitude seule puisse contenir toute l'information
sur l'étendue de la source sismique. Ms ou M "Prague" défini
plus haut est préférable.
- Magnitude de durée MD :
MD = a + b log (t) + c log (t2) + d.
t est la durée du signal mesurée depuis l'arrivée
de l'onde P jusqu'à l'instant où l'amplitude retrouve
le niveau de bruit de fond ; a, b, c et d sont des constantes
déterminées à chaque station.
C'est une échelle qui permet de calculer la magnitude locale
d'un séisme même lorsque le sismogramme est "saturé"
(fréquent avec les sismomètres très sensibles,
l'amplitude du signal étant supérieure à la
plage d'enregistrement). Cette formule, très robuste, s'applique
aux petits séismes locaux (M < 4.5) et d < 200 km.
Le problème est que les échelles ML, MD, mb et Ms
et M saturent malgrés tout pour les gros séismes car
elles ne sont pas représentatives de l'ensemble du spectre
des fréquences sismiques. La théorie concernant la radiation
des ondes sismiques est, depuis la fin des années 60, bien
établie. Le paramètre qui caractérise le mieux
la radiation des ondes sismiques est le Moment sismique M0 qui est
le produit de la rigidité des roches encaissant la faille tectonique
par l'amplitude du glissement sur la faille par l'aire de la surface
de faille qui joue lors du séisme. Ce paramètre défini
par Aki dans les années 60 est directement lié à
l'amplitude des ondes sismiques émises lors d'un séisme
et à l'énergie de leur rayonnement E. Il n'était
pas connu à l'époque de Richter et de Gutenberg (1935
pour la définition de la première magnitude). Afin de
faire le lien avec la magnitude de Richter, deux nouvelles magnitudes
ont été définies dans les années 70-80
pour les gros séismes (M>7) :
- Magnitude d'énergie Mw (Kanamori, 1977).
Cette magnitude, calée sur la relation entre moment sismique
M0 et magnitude d'ondes de surface Ms entre 6 et 7, est basée
sur le calcul de l'amplitude de la partie basse fréquence
du spectre de Fourier de la totalité du signal sismique émis
par les séismes. La relation entre Mw et M0 est Mw = 2/3 log (M0)-6.0
- Magnitude de manteau Mm (Okal & Talandier, 1989).
C'est une magnitude construite sur les mêmes principes que
Mw mais où le facteur 2/3 est remplacé par 1, le calage
avec le moment sismique en est simplifié. Des tables de correction
ont été déterminées pour faciliter la
mise en oeuvre.
Mm = log X(w) + CD + CS + C0
X(w) est l'amplitude spectrale de l'onde de Rayleigh à la
pulsation w (et à une distance d), CD est une correction
de distance, CS est une correction de source, C0 est une constante
choisie de façon à ce que Mm=Mw pour Mw=8.
En pratique, actuellement
comment fait un chercheur dans un labo pour donner la valeur de M ?
C'est la bonne question ! Il calibre son instrument et utilise des
abaques, autrefois en papier et maintenant informatisées.
Pour des séismes locaux, il calcule une magnitude ML en se
mettant dans les bonnes conditions (déconvolution de son capteur,
reconvolution avec la fonction de transfert d'un WA).
Pour les téléséismes, il utilise plutôt
la magnitude de surface, ou plutôt son extension connue sous
le nom de "formule de Prague". Si le séisme est profond, ce
sont généralement des magnitudes d'onde de volume mb
qu'il faut utiliser. Les magnitudes liées au moment sismique
nécessitent des traitements informatiques plus lourds et ne
sont pas utilisées en urgence lors des premières analyses
de sismogrammes.
Qu'elles sont les
vitesses atteintes par les ondes sismiques et les tsunamis ?
Un seisme génère des ondes sismiques qui se propagent a quelques kilomètres
par seconde: par exemple, 6km/s pour les ondes P près de la surface,
14 km/s quand elles arrivent près du noyau à 2900 km de profondeur.
Il faut environ 12 minutes pour que l'onde la plus rapide generée
par un seisme au Japon, soit enregistrée en France. Ce sont
des vitesses très rapides, 6 km/s c'est 21600 km/h !
Par comparaison, un avion de ligne se déplace à environ 900 km/h ;
le son se propage à environ 300 m/s soit 1080 km/h ; la vitesse de
la lumière est de 300 000 km/s soit 1 080 000 000 km/h.
Le seisme est le résultat d'une rupture sur une faille. La vitesse
de cette rupture est également rapide : 3 km/s, c'est à dire 10 800
km/h.
Quand la faille est longue, cela represente un temps de rupture non
négligeable. La rupture du séisme du 26 décembre 2004 en Asie du sud
est (magnitude 9) a duré environ 200 secondes pour une faille de 600
km de long.
Mais quand un film catastrophe présente une faille qui se propage,
c'est de la fiction. A l'échelle de la vision humaine, la rupture
est instantannée.
Par ailleurs, la vitesse des tsunamis dépends elle, de la profondeur
h de l'océan. V= sqrt(gh)
Si la vitesse est grande (700 à 800 km/h) dans les grands bassins
océaniques avec 4 ou 5 km d'eau, elle diminue par contre fortement
près des côtes: h=40m donne 20m/s soit 72 km/h. Le flux d'énergie
étant conservé l'amplitude du tsunami augmente quand la vitesse diminue.
Est-il vrai
que les sols meubles filtrent les hautes fréquences et
laissent passer les basses fréquences et que les sols
"durs" font exactement l'inverse ?
l y a 2 phénomènes:
- les sols "mous" absorbent plus les hautes fréquences que les
basses fréquences (faible facteur de qualité),
- les couches superficielles "molles" sont des résonnateurs
qui piègent les ondes sismiques et se comportent comme un résonnateur
équivalent d'un filtre passe-bande amplifiant les ondes à la
fréquence de résonnance (en general une "basse fréquence" du
spectre sismique quand on compare au site au rocher).
Prédictions |
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Peut-on prédire
les séismes ? Lors des derniers événements,
je m'étonne qu'il n'y ait pas eu de prévision pour mettre
les personnes à l'abris.
Depuis plus d'un siècle les sismologues essaient de mettre
au point des méthodes permettant de prévoir les séismes.
Ils cherchent plus précisément à prévoir :
- le lieu où une catastrophe peut se produire
- l'instant où elle se produira.
L'histoire de la prévision des séismes est jalonnée
d'espoirs et d'échecs. Précisons d'abord que les questions
"où ?" et "quand ?" même si indissociables, sont
bien différentes.
Où ?
Les séismes destructeurs sont presque tous causés par
la rupture des roches près d'une faille géologique sous
l'effet des forces qui font dériver les continents et construisent
les chaînes de montagnes. De nombreux groupes de chercheurs
étudient les régions où de telles failles ont
provoquées des séismes dans le passé. Là
où les séismes sont fréquents, comme en Turquie,
les lieux probables des futurs grands séismes sont assez bien
identifiés. Dans les régions où les séismes
sont plus rares, et généralement plus faibles, comme
le séisme de Lambesc dans le Sud de la France en 1909 ou le
séisme de Bâle en 1356, il est beaucoup plus difficile
de savoir à l'avance où ils se produiront. Les signes
géologiques visibles en surface sont alors peu évidents
et les témoignages dans l'histoire de l'Homme portent sur une
durée généralement trop courte sur un site donné.
En ayant recours à des études statistiques qui englobent
des régions plus où moins vastes, on peut retrouver
quelques certitudes et dire qu'un séisme destructeur y est
probable à l'échelle de 100 ans ou de 1000 ans.
Quand ?
Répondre à cette question est beaucoup plus difficile.
Ceux qui la posent, attendent en général une réponse
précise : ou bien l'on souhaite savoir quelques jours -
ou quelques semaines - à l'avance, le moment et l'endroit où
un fort séisme se produira ; ou bien l'on souhaite au
minimum savoir quelle localité risque d'être touchée
à l'échéance de quelques années. Il est
malheureusement impossible (dans l'état actuel des connaissances)
de répondre à la première question et très
difficile de répondre à la deuxième. On peut
tout au plus, dans les régions géologiquement très
actives, annoncer qu'il y a un fort risque de séisme dans une
zone déterminée à l'échelle des quelques
décennies à venir. De telles prévisions sont
faites pour des mégapoles comme Tokyo, Los Angeles, Istanbul ...
Pourquoi ne peut-on
pas prévoir l'imminence d'un séisme majeur ?
Pour le comprendre il faut savoir que la cause d'un séisme
comme celui-ci est la rupture des roches sur ou à proximité
d'une faille géologiquement active. Le point initial de rupture
se situe le plus souvent vers 10 ou 15 km de profondeur. Une fois
la faille mise en mouvement à partir de ce point initial, la
rupture s'étend sur une zone recouvrant un ou plusieurs segments
de failles. Elle atteint la surface du sol pour les gros séismes.
L'étendue de la zone de faille qui "casse", est directement
liée à la magnitude de Richter. Le nombre de victimes
et les dégâts dépendent de nombreux autres facteurs
que l'on classe sous le terme de "vulnérabilité". La
vulnérabilité dépend des propriétés
du proche sous-sol qui peut amplifier les vibrations sismiques, de
la qualité des constructions, qui est le facteur dominant,
et enfin des conditions locales qui dépendent notamment de
l'heure où le séisme se produit. Quand à la cause
première du séisme, la rupture des roches en un point
profond de la croûte terrestre, celle-ci est inaccessible à
l'investigation directe, et les méthodes géophysiques
actuelles restent très pauvres pour identifier les signes prémonitoires
d'une telle rupture.
Tous les espoirs fondés sur l'enregistrement de courants
électriques telluriques en surface pouvant renseigner sur l'évolution
de la zone initiale de rupture (méthode VAN), sur l'étude
des variations des temps de parcours des ondes sismiques où
sur l'écoute de petits chocs sismiques précurseurs (comme
on le fait dans les mines pour prévenir des coups de toits),
se sont traduits par des échecs.
L'écran que constitue la dizaine de kilomètres de roche
entre le lieu où les phénomènes se déroulent,
et la surface du sol est une des raisons majeures des difficultés
rencontrées.
Pour montrer l'ancienneté des recherches sur les méthodes
de prévision des séismes, citons Harry Reid (1910).
Harry Reid est l'auteur de la théorie du "rebond élastique"
qui est depuis le séisme de San Francisco de 1906 le concept
retenu par les géophysiciens pour expliquer les séismes
tectoniques. Cette théorie a été mise au point
à partir des observations géodésiques faites
autour de la faille de San Andreas avant et après le séisme
de 1906 : "Comme les déformations précèdent
toujours la rupture et comme ces déformations sont assez grandes
pour pouvoir être détectées avant que la rupture
se produise, il suffit de trouver une méthode pour déterminer
l'existence de ces déformations pour prévoir les séismes
tectoniques ; et la rupture se produira en général
au voisinage de la ligne où la déformation est maximale
ou le long d'une ancienne faille où la résistance des
roches est la plus faible".
Les méthodes de géodésie par satellite (GPS)
ou l'imagerie radar par satellite (SARS) sont les méthodes
les plus récentes appliquées par les chercheurs dans
l'esprit de ce que Harry Reid écrivait en 1910 !
pédagogiques de l'EOST.
Pensez-vous comme
le disait Haroun Tazieff que la méthode VAN mise au point en
Grèce est efficace à 90% ?
Cette "méthode" n'est absolument pas validée, elle rejoint
de nombreuses autres méthodes qui ont suscité espoirs
et déceptions au cours de ce siècle pour prévoir
le jour et le lieu d'un séisme.
La vague d'opposition
concernant cette méthode (en 89) est-elle toujours d'actualité,
ou s'agissait-il de mauvaise foi scientifique comme le pensait H.
Tazieff ?
A l'époque, les oppositions étaient nombreuses chez
les sismologues français et américains car les fondements
même de la méthode scientifique n'étaient pas
satisfaits :
- répétabilité des mesures par des équipes
indépendantes,
- définition de protocoles de mesure objectifs pour détecter
les anomalies observées,
- inexistance d'un cadre théorique satisfaisant pour interpréter
les anomalies observées.
Actuellement, la communauté scientifique internationale
affiche une grande prudence devant les méthodes de prédiction
du lieu, du jour et de la magnitude des séismes. Les
recherches progressent par contre rapidement dans l'identification
des zones où la probabilité est grande d'avoir
un séisme majeur dans les quelques prochaines dizaines
d'années (exemple : Mer de Marmara/Istanbul après
les séismes des dernières années en Turquie).
Risque sismique |
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Quels sont les séismes
les plus meurtriers ?
Ce ne sont pas nécessairement les séismes de plus forte
magnitude. Au dessus d'une magnitude de 5.5, tout séisme peut
être meurtrier si les circonstances sont défavorables
(foyer superficiel, à proximité d'un centre urbain,
situé sur une formation géologique amplifiant les vibrations
sismiques et présentant des bâtiments résistant
mal aux séismes). Un séisme entre 5.5 et 6.5 ne provoquera
toutefois que des dégâts relativement localisés,
dans une zone de l'ordre de 10 à 20 km d'extension. Au delà
d'une magnitude 7, des dégâts peuvent s'étendre
sur plus de 100 km.
A moins que je ne
me trompe, il me semble que les séismes sont de plus en plus
fréquents et lourds en dégâts matériels
et pertes humaines ?
Il n'y a pas d'augmentation du nombre des séismes contrairement
à ce que beaucoup de personnes pensent. Le nombre de séismes
localisés augmente chaque année car il y a de plus en
plus de sismographes en fonctionnement dans le monde détectant
des séismes de plus en plus petits. Le développement
de l'information médiatisée amplifie ce phénomène.
Par contre, il y a augmentation de la vulnérabilité
des installations humaines, par le fait du développement démographique
et de l'urbanisation (augmentation de la vulnérabilité
veut dire qu'un même séisme se reproduisant au même
endroit avec la même force fera aujourd'hui plus de victimes
et de dégâts qu'autrefois). De nombreuses grandes métropoles
sont très exposées (Los Angeles, Tokyo, Manille, Istanbul ...).
Peut-on subir en France,
un séisme majeur ?
Si l'on entend par séisme majeur un séisme de magnitude
7 à 8 qui menacent plusieurs mégapoles dans le monde,
c'est très peu probable. Ceci ne peut toutefois pas être
totalement exclu pour un séisme de magnitude de l'ordre de
7 qui peut faire dans nos régions des dégâts considérables.
Les recherches géologiques en cours visant à identifier
les failles tectoniques actives susceptibles de provoquer de tels
séismes permettront peut être de répondre à
cette question.
Aléa sismique |
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Quels sont les éléments
géologiques indicateurs permettant de dire qu'un séisme
est susceptible de se produire dans une région ?
Les critères géomorphologiques tels que les escarpements
de faille récents et les reliefs jeunes permettent de repérer
des failles actives. Ces failles actives sont le principal indicateur
de séismes anciens. Le repérage et l'étude détaillée
des séismes anciens ayant laissé une trace dans les
dépôts géologiques récents (méthode
de paléosismologie) permet d'estimer période de récurrence
des séismes, on aboutit à des évaluations (probabilités)
sur l'occurrence d'un séisme dans un futur proche. Par ailleurs,
des phénomènes géologiques secondaires liés
aux zones de tremblements de terre sont :
- Les glissements de terrain ;
- Les phénomènes de liquéfaction des sols ;
- Les Tsunamis.
Ces phénomènes secondaires peuvent avoir laissé
des traces dans les formations géologiques récentes et
participent à l'étude des possibilité d'occurrence
de séismes dans une région.
Prévention et Information |
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Peut-on se protéger
contre les séismes ?
Les séismes sont des phénomènes naturelles inévitables
particulièrement dangereux car ils se produisent brusquement
sans signe précurseur et avec des périodes de retour
qui peuvent être de plusieurs siècles voir plusieurs
millénaires en un lieu donné.
Les seules protections existantes sont les constructions parasismiques
et des méthodes d'organisation de la société
et de la cité prévoyant la possibilité de tels
évènements (industries à risque, transports,
réseaux de distribution de gaz et d'électricité,
système de communication et d'organisation de secours d'urgence).
C'est le béton et l'organisation technique avancée de
nos sociétés qui tuent et non le séisme lui même.
Quel est le rôle
et l'action des politiques dans le domaine de la prévention
et de l'éducation au public pour le risque sismique en France ?
En matière de prévention il y a beaucoup à faire
en France : cela est d'autant plus difficile que le risque est
faible (un séisme potentiellement destructeur par siècle
sur une vaste zone incluant les Alpes et les Pyrénées).
La réglementation existe, mais elle reste trop liée
à l'observation des séismes historiques et ne peut pas
encore intégrer la possibilité d'événements
rares mais possibles à l'échelle de quelques milliers
d'années.
Pouvez-vous m'indiquer
des documents sur les règles de constructions parasismiques ?
Le BCSF aide à la mise en oeuvre des normes parasismiques au
travers de la diffusion d'informations, sur les séismes se
produisant actuellement et sur les résultats des recherches
menées sur les séismes de manière plus générale.
Il n'est cependant pas qualifié dans le domaine particulier
de la construction parasismique qui relève de l'ingénierie
du bâtiment. Vous trouverez sur le site de l'Association Française
de génie ParaSismique (AFPS) toutes les informations spécifiques
à ce domaine :
AFPS - Association
Française de Génie Parasismique
28 rue des Saints-Pères 75343 PARIS CEDEX 07
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Recherches |
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Quelles sont les orientations
des recherches actuelles ?
S'agissant des recherches appliquées concernant les séismes
en France, les recherches les plus importantes pour la connaissance
de l'aléa sismique consistent à identifier les failles
tectoniques actives susceptibles de causer des séismes et les
recherche associant l'analyse des évènements sismiques
actuels à partir des réseaux de sismomètres (Réseau
National de Surveillance Sismique RéNaSS CNRS-Universités
et réseau du Laboratoire de Détection Géophysique
du CEA), de réseaux de mesures géodésiques (balises
GPS surtout) et de mesures de télédétection spatiale
(interférométrie radar en particulier).
Les autres recherches importantes en matière de connaissance
de l'aléa sismique consistent à étudier les effets
d'amplification des vibrations par les formations géologiques
(effets de site). Celles-ci s'appuient sur les enregistrements faits
à partir des réseaux d'accéléromètres
(Réseau Accélérométrique Permanent du
Ministère de l'Environnement, du CNRS, du BRGM et des Universités)
et des données d'enquêtes macrosismiques réalisées
par le BCSF.
Dans le domaine du génie parasismique, la connaissance du comportement
réel des bâtiments est évidemment fondamentale
pour améliorer les codes de construction parasismiques. Chaque
séisme important qui se produit dans le monde et provoquant
des dégâts aux constructions fait l'objet d'étude
permettant de progresser dans ce domaine. L'AFPS publie régulièrement
des notes techniques relatives à ces questions.
En quoi consiste la
géodésie-sismologie ?
La géodésie mesure les déformations de la croûte
terrestre qui se comporte comme un milieu élastique en l'absence
de séisme. Lorsque le point de rupture est atteint, il y a
séisme, c'est la sismologie qui permet d'étudier ces
ruptures. La comparaison géodésie-sismologie permettra
en quelques années à quelques dizaines d'années
(suivant l'importance des déformations) de repérer les
zones susceptibles de se rompre et de provoquer des séismes.
Divers |
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Ayant eu des dégats
matériels lors d'un séisme, mon assurance ne prend en
charge les réparations que si l'événement est
classé catastrophe naturelle. Que dois-je faire, comment le
savoir ?
Le Bureau central sismologique français ne gère pas
les dossiers de demande de reconnaissance de l'état de catastrophes
naturelles. C'est le rôle des Préfectures de départements.
Le rôle d'observateur scientifique que nous avons nous amène
à rendre un rapport préliminaire sur les conditions
de l'événement aux préfectures concernées.
Celui-ci fait parti des nombreuses pièces qui composent le
dossier sur cet événement permettant une prise de décision
par une commission inter-ministérielle d'experts.
Votre démarche doit s'effectuer auprès de la mairie
de votre commune, accompagnée d'une description des dégâts,
photos, explications etc. Celle-ci la transmettra en préfecture,
pour y donner suite.
Les arrêtés de reconnaissance de catastrophes naturelles
sont accessibles par commune sur www.prim.net,
espace citoyen.
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